La Cave du Prieuré

Millésime 2023 : frais et humide puis trop chaud et trop sec !

 

Vous nous direz que nous ne sommes jamais contents ! On vous répondra que l'on ne se plaint que de ce que l'on ne maitrise pas : la météo. 

La météo n'a pas été évidente tout au long de ce millésime 2023. Pourtant, en soutient à nos amis vignerons savoyards et d'autres régions viticoles sévèrement impactés par les aléas climatiques, nous n'avons pas à nous plaindre et nous ne l'avons jamais fait car le village de Jongieux a été épargné par les orages estivaux de grêles.

Les mois de mai et de juin ont été frais et humides, favorisant les maladies fongiques de la vigne. Le mois de juillet a été plus clément avec des températures de saison. Le mois d'août a connu tous les excès. La deuxième semaine fut très fraiche avec l'obligation de ressortir pour les débuts de matinée un pull, nous faisant craindre le risque de pourriture sur les raisins. A partir du 14 août, changement brutal de situation avec des températures dépassant facilement les 40 degrés pour se retrouver dans un contexte climatique identique à celui de 2022. Les réserves en eaux du sol se sont raréfiées en très peu de temps et beaucoup de raisins n'ont pas surpportés ces températures chaudes y compris pendant les nuits avec pour conséquences des coups de chaleurs sur les raisins provoquant le dessèchement et un flétrissement des baies et des feuilles (voir photos 1 et 2). 

Fin août 50 mm de pluie sont tombés pour le plus grand bien des vignes encore en capacité d'absorber cette eau avec un effet positif immédiat sur le feuillage et les baies de raisins. Début septembre, de nouveau un épisode caniculaire s'installe faisant une nouvelle fois souffrir intensément les vignes et faisant rapidement oublier les 50 derniers millimètres de pluies. 

Malgré tous ces changements brutaux de conditions climatiques, la date estimée (100 jours avant la récolte) des vendanges de façon empirique au moment de la floraison des vignes n'a pas évolué et se trouve toujours pour le 15 septembre.  

Pour la première fois n'ont avons observé un phénomène directement lié aux conditions climatiques : la perte de turgescence des rafles (voir photo 3 et 4). La turgescence est la dureté des cellules végétale permise grâce à l'afflux d'eau. Ce phénomène ne nous est pas méconnu car sur la pellicule des baies de raisins il entraine un important flétrissement. Nous avions déjà eu ce problème lors des années très chaudes 2017 et 2022. En revanche la perte de turgescence des rafles est un phénomène que nous n'avions encore jamais observé et que nous constatons uniquement sur le cépage Mondeuse. Ce cépage possède des grosses grappes lâches et très retombantes. Les cellules du pédoncule (extrémité de la grappe qui la relie au rameau) ont perdu leur rigidité et résistance à la suite d'une perte de turgescence. Le poids des grappes a entrainé un pincement du pédoncule privant la grappe de raisin d'une bonne alimentation via les flux de sève ce qui conduit à des retards ou arrêt de maturation. 

Lors du mois de juillet nous passons dans toutes nos parcelles de mondeuse pour limiter le nombre de grappes par cep et ainsi contrôler le rendement. Cinq ou six raisins sont ainsi laissés selon leur grosseur mais surtout espacés et aérés pour obtenir un murissement parfait et des raisins concentrés (voir photo 5). Début septembre nous avons dû réaliser un passage supplémentaire pour enlever les grappes qui avait un problème de turgescence (voir photo 6 et 7) et des retards de maturités conséquents. 

Malgré tout, nos raisins sont beaux et présents car épargnés par la grêle si dévastatrice, à nous de les sublimer pour ce millésime 2023 ! 

 

Photos :